Sur la Palestine, a lire ou à voir...

A voir, le reportage dont j’ai parlé samedi sur les exactions commises par les soldats israéliens et leurs fanfaronnades :https://www.youtube.com/watch?v=uPQ9aS5rNd4

Voici la lettre au Président de la République de Dominique Eddé, écrivaine libanaise, que nous avons lue au rassemblement de la semaine dernière avec Bernard. C’est vraiment un très beau texte :
https://www.lorientlejour.com/article/1354010/lettre-ouverte-au-president-de-la-republique-francaise.html‌

Et les infos de Agence Média Palestine (lues samedi
https://agencemediapalestine.fr/blog/2024/07/04/colonisation-israel-approuve-la-plus-grande-confiscation-de-terres-depuis-trente-ans/

Enfin des extraits de l’interview de Ziad Medoukh par Médiapart

Médiapart

Ziad Medoukh, enseignant et écrivain, n’a pas quitté Gaza City depuis le 7 octobre. Il témoigne ici de sa vie dans les ruines et de la famine en cours.

Mediapart : Êtes-vous resté à Gaza City depuis le début de l’offensive militaire israélienne ?

Ziad Medoukh : Oui, même si j’ai dû changer à cinq reprises de maison et de quartier depuis que mon immeuble a été détruit le 2 décembre 2023. Aujourd’hui, je vis dans une maison surpeuplée avec quarante autres personnes. Les bombardements des avions de chasse sont quotidiens et nous ne sommes en sécurité nulle part.

Même si les opérations militaires se concentrent aujourd’hui au sud, il y a encore des incursions dans ma ville en ruines. Les Israéliens se concentrent sur un quartier ; ils restent une semaine ou quinze jours et détruisent tout sur leur passage, même s’il ne reste plus grand-chose à détruire.

J’ai survécu – car à Gaza personne ne peut plus vivre, nous ne faisons que survivre – en mangeant des herbes.

Toutes les photos et les vidéos témoignant de notre souffrance pendant ces mois de carnage ne peuvent suffire à montrer l’étendue du désastre vécu par toute une population civile horrifiée et abandonnée.

Parvenez-vous à trouver de quoi vous nourrir ?

En ce moment, c’est une véritable famine qui touche le nord de Gaza. Chaque jour, nous parviennent des informations de quelqu’un qui est mort de faim. L’aide internationale ne nous parvient pas, et nous ne trouvons quasiment aucun produit alimentaire sur les marchés, ou alors à des prix faramineux : 40 euros pour un kilo de riz, 30 euros pour un kilo de sucre. Ici, trouver de la nourriture constitue un véritable miracle.

Qu’en est-il de l’accès à l’eau ?

C’est inimaginable. Chaque foyer n’a le droit qu’à 16 litres d’eau potable tous les trois jours. Il faut se déplacer sur des kilomètres à pied ou en charrette et faire la queue pendant des heures pour obtenir le précieux liquide. L’occupation a détruit 732 puits d’eau partout dans la bande de Gaza en neuf mois. La situation est d’autant plus tragique que la chaleur s’est installée avec l’été. Un jerrican d’eau de 16 litres se vend autour de trois ou quatre euros.

Parvenez-vous encore à écrire ?

Je n’ai ni le temps ni le moral pour ça. Notre vie est paralysée par le temps passé à tenter de survivre, à essayer de trouver de l’eau ou de quoi manger, à glaner un peu de bois ou à tâcher de recharger nos téléphones portables grâce aux quelques panneaux solaires encore en état de fonctionner.

Trouvez-vous encore l’énergie de témoigner face au sentiment d’abandon que vous décrivez ?

Cela reste important, et cela calme ma colère, mais c’est vrai que le sentiment d’impuissance et d’abandon est difficile à supporter. Notre sort dépend entièrement de la communauté internationale. Les verrous se trouvent chez les Israéliens mais les clés se trouvent en Europe, aux États-Unis ou dans les pays arabes, et personne ne fait pression véritablement sur Israël.

Vous étiez enseignant dans plusieurs universités de Gaza : leur destruction signifie-t-elle pour vous une volonté de raser l’avenir de la jeunesse palestinienne ?

Bien sûr. Toutes les universités ont été détruites et spécifiquement ciblées. Il est impossible de faire des cours en ligne puisque l’accès à Internet est très aléatoire. À travers les universités, c’est la jeunesse qui se trouve en première ligne de cette volonté de détruire que nous endurons depuis des mois.

Mais ce ne sont pas seulement les universités qui ont été visées par l’occupation : c’est l’ensemble du système éducatif, du système de santé, des routes… Toutes les infrastructures civiles ont été détruites et on voit bien que l’objectif de l’armée israélienne, quand elle fait une incursion, n’est pas de détruire le Hamas ou de récupérer les otages, mais de rendre Gaza inhabitable afin que les Palestiniens s’en aillent.

Peut-on savoir et dire si l’ampleur des pertes humaines et l’état des destructions de la bande de Gaza renforcent ou affaiblissent le soutien de la population gazaouie au Hamas ?

La population de Gaza n’a que faire des partis politiques et des organisations militaires. C’est une population effrayée, horrifiée, qui ne demande que la sécurité, la fin de l’agression, l’entrée massive d’aide humanitaire. Aujourd’hui, Gaza est un territoire sans gouvernement. Personne ne contrôle plus rien. Il n’y a plus aucune administration, on le voit particulièrement avec l’absence totale de contrôle des prix.

La seule alternative qui existe à Gaza n’est pas entre le Hamas et l’Autorité palestinienne, elle est entre mourir vite ou souffrir longtemps.

La question de l’ampleur du soutien au Hamas n’a pas de sens pour une population qui n’a pas l’espace pour réfléchir à la politique, puisque la seule question qui se pose est celle de la survie immédiate...

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